Dimanche 8 décembre à 17h, salle du Devézou
Dimanche 8 décembre à 17h, salle du Devézou
MADELAINE AVANT L’AUBE Sandrine Colette Éditions J.C. Lattès
Nous sommes hors du temps, à la campagne dans un petit hameau de trois fermes, au lieu-dit « les Montées », avec, tout près, un fleuve « le Basilic ». Nous pouvons imaginer le village, les fleurs, les forêts, la montagne rocheuse. Quelle époque ? Une où est présent un chapelain à qui on doit respect et obéissance, et où les fermiers sont pauvres. Là vivent une vieille dame, Rose, et des deux jumelles, Aelis et Ambre, mariées ; Aelis a deux enfants. Ambre aucun. Par un jour d’hiver très froid, Rose voit chez elle une petite fille d’environ dix ans, très maigre, qui boit le lait du chat. Elle la prend sous son aile, prend soin d’elle et Ambre l’adopte. Cette petite a en elle
une sorte de rage, un fond d’agressivité mais beaucoup de vitalité et de personnalité. Deux événements vont faire exploser l’histoire. Le lecteur est pris par cette histoire, il voit la beauté des paysages, il ressent les fatigues ; il vit avec ces gens.
LE ROMAN DE JIM Pierric Bailly Éditions P.O.L.
Emeric, 20 ans, a fait un peu de prison, erreurs de jeunesse, mais bien soutenu par ses parents. Un soir de concert, il rencontre Florence qu’il a connue au collège. Celle-ci est enceinte, célibataire, son amant marié a disparu. Emeric s’installe chez elle, en tout bien, tout honneur. Le bébé naît : Jill. Emeric s’investit beaucoup, pour lui, c’est un cadeau du ciel. Ils vont s’installer dans le Jura. Quelques années se passent ainsi lorsque revient le géniteur qui a perdu femme et enfants dans un accident et veut reprendre ce qu’il pense être sa place. Alors Florence part avec lui et l’enfant (8 ans) au Canada. Le petit est malheureux mais on lui raconte de vilains mensonges au sujet du pauvre Emeric. Puis, un jour, ils disparaissent complètement. Ce roman traite de la paternité et est écrit dans un style familier en rapport avec l’histoire. Un film récent présente cette même histoire sous le même titre.
LE MAGE DU KREMLIN Guliano Da Empoli Éditions Gallimard
Dans la Russie contemporaine, le « Mage », ancien conseiller de Poutine va retracer la genèse de ce dernier. Le Mage, Vadim Baranov, plutôt intellectuel, va aider Poutine à se réaliser tout en lui obéissant en permanence. Dès les années 90 et avec la présence des oligarques, Poutine va se révéler sous un jour différent de l’agent du KGB qu’il était avant. L’auteur nous emmène en Tchétchénie, nous révèle l’origine poutinienne de la crise d’Ukraine et révèle que lorsque se sont déroulés les jeux olympiques à Sotchi, rien n’était préparé et que ce fut le règne de la débrouillardise. Ce livre nous plonge au coeur du pouvoir russe où tous les coups sont permis. Notre Mage va finir par échapper à ce système. Livre très intéressant, surtout en ce moment !!
DES SOURIS ET DES HOMMES John Steinbeck Éditions Folio
En Caroline du sud, deux hommes se louent dans un ranch pour récolter de l’orge. « Pourvu qu’ils nous prennent ! » se répètent-ils. On sent un malaise permanent, pourquoi ? L’un des deux est petit, l’autre est un vrai géant, pas très malin, qui garde une souris dans sa poche et à qui le petit répète : « ne dis rien ». Pourquoi restent-ils ensemble ? La femme du patron, sophistiquée, s’amuse à aguicher les ouvriers ; tous s’en éloignent sauf notre bêta et cela provoque un drame. Un livre bien écrit qui analyse finement le comportement des deux personnages. Écrit en 1937, ce roman fait partie de la trilogie qui a eu un énorme succès : Des souris et des hommes, les
Raisins de la colère et À l’est d’Eden.
L’ESPIONNE DE TANGER Maria Dueñas Éditions Points
Sira est la fille naturelle d’une couturière d’un grand magasin. Elle a 16 ans et se rend à un bal où elle rencontre Ignacio en quête d’un travail de bureau. Sira prépare un concours de fonctionnaire et a besoin d’une machine à écrire. Dans le magasin, elle rencontre Ramiro dont elle va s’amouracher et donc quitter Ignacio. Et voici que le géniteur de Sira qui est désormais seul, qui devient vieux, convoque mère et fille et leur remet une enveloppe contenant argent, bijoux et un papier justifiant sa paternité. Tout à son bonheur d’être riche, Sira explique tout à Ramiro et, ensemble, ils décident de créer une société commerciale. Les voilà au Maroc, puis en
Argentine. Sira, très endettée, se voit confisquer son passeport, et va chercher refuge chez Candelaria qui, impressionnée par ses talents de couturière projette de lui financer un atelier. Livre d’aventure humaine dans un passé lointain. Facile à lire.
L’ALLÈGEMENT DES VERNIS Paul Saint Bris Éditions Philippe Rey
Aurélien est gardien conservateur au musée du Louvre. Il adore son métier et tout va bien pour lui. Mais voilà qu’arrive une nouvelle patronne, Daphné qui veut un peu tout bousculer. Elle propose un audit du musée : tout le monde veut voir La Joconde. Cependant, la peinture commence à vieillir et il faudrait la rajeunir. Aurélien est chargé de trouver un restaurateur fiable. Après moult recherche, il se résout à demander à un vieux restaurateur toscan très réputé, Gaetano, d’effectuer ce travail. Celui-ci accepte à certaines conditions… Lorsque le tableau est restauré, c’est la ruée ! En fait tout n’est pas aussi simple. Voilà où réside l’astuce du livre. Aurélien se retrouvera heureux à la campagne dans sa maison que le lecteur devra découvrir. Ce livre parle de peinture, tableaux, et fait preuve de beaucoup d’imagination. Très intéressant.
IL N’Y A PAS DE AJAR Delphine Horvilleur Éditions Grasset
Abraham : père de l’humanité, auteur de la judeïté et du judaïsme. Qui sommes nous ? Sommes nous le fruit de ce qu’on dit de nous ? Tout cela exposé avec humour ! L’humour juif, il se moque de lui-même. Un chapitre sur le « trou juif » : l’inconscient a peut-être à avoir une relation avec Rosa de « La vie devant soi ».
JARACANDA Gaël Faye Éditions Grasset
Milan, père français, mère rwandaise tutsi, essaie d’obtenir des renseignements sur l’histoire du Rwanda mais la mère déteste ce pays et refuse de parler. Alors Milan part au Rwanda à la recherche de l’histoire de son pays et de son identité. Il fera différentes rencontres : un jeune homme qui a reçu un coup de machette, une vieille dame, une petite Stela qui se réfugie dans le jacaranda, arbre à la fois ténèbres et protection. Milan n’a pas connu le génocide de 94-95 mais il est marqué par l’inconscient, le « trou juif ». Une belle et grande discussion dans le groupe à ce sujet.
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Prochaine réunion : le 18 novembre et 16 décembre
La bibliothèque municipale propose une exposition sur le Street Art dans tous ses états.
Les Amis du Livre regroupent quelques lecteurs qui aiment partager leur plaisir de lire.
Tout lecteur peut y participer soit pour y présenter un livre, soit pour discuter, soit tout simplement pour écouter.
UN JOUR CE SERA VIDE H. Lindenberg Christian Bourgeois
Ce sont les vacances, il a dix ans et vit avec sa grand-mère juive, attentionnée, aimante, et une tante un peu fofolle, « monstrueuse », méchante. Il est livré à lui-même, sans structure familiale ; très angoissé, il s’ennuie et regarde les familles sur la plage. Il attrape des méduses, les tue « gentiment », elles représentent la métaphore de ses angoisses. Mais, un jour, un garçon d’une de ces familles vient près de lui et, ensemble, ils vont jouer et nager. Il sera même invité chez lui : il adore la mère mais craint le père, il ne veut pas d’un regard de pitié. Voilà un récit fin, précis, d’une belle écriture qui a su rendre les angoisses de cet enfant.
LA CARTE POSTALE A. Berest Grasset
Que répondre à cette fillette de six ans « est-ce que je suis juive ? ». Cette question conduit sa mère à enquêter sur sa famille. En 2003, sa mère a reçu une carte postale portant les quatre prénoms des gens de sa famille déportés et morts en 42. Ce sont des russes juifs : les arrière-grands-parents sont partis en Palestine avec trois enfants, puis à Paris, puis à la campagne. Ils s’attachent à la France mais ne sont pas naturalisés. Vient la guerre : deux des enfants sont déportés, puis les parents, une fille en réchappe, Myriam : la grand-mère de l’autrice, laquelle va essayer de retracer sa vie mais personne n’en parle. L’enquête s’est avérée difficile et a duré quatre ans. C’est une histoire attachante, émouvante et plutôt triste. Notre lectrice l’a trouvée très intéressante
MA MÈRE, CETTE INCONNUE P. Labro Gallimard
La mère de Philippe Labro ne parlait jamais de sa vie passée. Alors, son fils a voulu savoir. Netka, de nom à consonance polonaise, née de père inconnu, d’une mère préceptrice pas aimante. Elle fut confiée à différentes personnes. Venue en France elle fut confiée à une ancienne institutrice. A vingt ans, elle a rencontré l’amour de sa vie et a eu quatre enfants, dont Philippe. On sent dans ce livre beaucoup d’amour filial ainsi qu’une immense admiration de ce fils pour le courage et la force de cette femme.
UN LOUP EST UN LOUP M. Folco Points Seuil
XVIIIème siècle. Dans une famille naissent des quintuplés, puis le père atteint de la rage est enfermé, la mère meurt. Le plus tenace, le plus audacieux des enfants est Charlemagne, le filleul de la châtelaine qui veut l’éduquer. Cette vie ne lui convient pas ; il s’échappe et va vivre avec les loups dont il comprend le langage. Pour eux, il va même braconner des moutons dans une bergerie ! A nouveau capturé, bien habillé, bien policé…mais il repart vers ses loups. Et maintenant on veut le marier à une « princesse »…. !! C’est un joli livre d’aventure mais qui nous parle aussi de la vie des gens au XVIIIème siècle, donc, un peu d’histoire.
BLIZZARD M. Vingtras L’Olivier
Tempête de neige en Alaska. Une jeune femme, Bess, lâche la main d’un enfant de dix ans et ne le voit plus ! L’auteur décrit un peu l’atmosphère de ce paysage. Quatre personnes, dont Bess, vont se mettre à la recherche de cet enfant. Il y a, outre Bess, un trappeur, un homme appelé Bénédict et un autre. Qui sont donc ces personnes ? Quels liens entre elles ? Ces liens apparaissent au fur et à mesure de la narration et le lecteur fait ainsi leur connaissance. La construction du récit, très originale, est conçue pour soutenir l’intérêt du lecteur. Beaucoup de suspense. Un bon moment d’évasion.
LA VOLONTÉ M. Dugain Gallimard
C’est l’histoire d’un père au destin exceptionnel. Ce roman familial s’inscrit dans l’histoire du XXème siècle car, parallèlement à l’histoire du père, l’auteur évoque l’histoire de la France, ses guerres, ses conquêtes, ses défaites et l’évolution de la société. Il développe ainsi de multiples réflexions sur tous les événements. Né dans une famille pauvre de Bretagne, ce père aide sa mère et son intelligence est vite repérée à l’école. A quinze ans, il est atteint par la poliomyélite, une jambe en reste abîmée mais il va cependant faire des études en travaillant par ailleurs pour les payer. Adulte, il réalise un rêve d’enfant et part pour la Nouvelle Calédonie puis l’Afrique. La troisième partie est consacrée à la relation de l’auteur avec ce père, très exigeant. Plus tard leur relation s’est rétablie. Livre intéressant, documenté, riche de réflexions personnelles.
AMERICANAH C. N. Adichie Gallimard
L’auteur vit aux Etats-Unis et raconte la vie de Ifemelu, jeune nigériane qui a fait ses études au États-Unis et qui a dû travailler pour les payer. Elle découvre qu’elle est noire et se trouve confrontée à sa négritude. Devenue chercheuse à Princeton, elle crée un blog qui lui rapporte pas mal d’argent et où elle égratigne les us et coutumes des Etats-Unis : l’attitude des blancs envers les noirs, mais également celle des noirs envers les noirs étrangers… toutefois, elle ne porte pas de jugement. Après vingt ans sur place, elle retourne au Nigéria. Il n’est plus ce qu’elle avait connu et elle découvre un nouveau mode de vie. Pour cette femme libre, ce n’est pas facile de vivre dans ce pays. Et puis, il y a cet ami d’enfance qu’elle retrouve marié ! Ce livre est celui d’un témoin lucide, honnête, qui note sans parti pris, sans jugement, sans méchanceté, parfois avec humour. Notre lectrice a adoré ce livre.
ROSY & JOHN P. Lemaitre Livre de Poche
Petit roman policier. Une énorme explosion dans un immeuble à Paris : quelques blessés. Très vite on en découvre l’auteur, Jean (John) : « C’est moi. Il y a sept autres bombes dans Paris qui exploseront si vous ne libérez pas ma mère, Rosy, et ne me donnez pas un millions d’euros pour partir en Australie ». Rosy est emprisonné parce qu’elle a percuté avec sa voiture la copine de Jean et l’a tuée. La relation Rosy/Jean est plutôt houleuse. Que faire ? L’angoisse monte au fil des pages et la fin est surprenante. J’ai aimé en pensant à notre époque : que faire dans un tel cas ?
JE VOUS AIDERAI À VIVRE, VOUS M’AIDEREZ À MOURIR
Clémenceau, dreyfusard, anticlérical, Père de la Victoire en 1918. Il a quatre-vingt deux ans et en mai 1923 une jeune femme, Marguerite, lui rend visite. Elle a quatre enfants que le père a abandonnés. Elle est triste, déprimée. Elle vient demander des conseils à Clémenceau et lui, lui demande de rester auprès de lui ! « Je vous aiderai à vivre et vous m’aiderez à mourir ». Elle reprendra goût à la vie et l’accompagnera jusqu’à sa mort. Quelle belle relation ! L’auteur étend son étude aux intellectuels du XXème siècle. On connaissait Clémenceau mais ce livre nous le présente sous un autre jour. Très intéressant.