LA PETITE BONNE de Bérénice Pichat – Éditions Les Avrils
Une jeune fille, 17-18 ans, issue d’un milieu simple, sans éducation, sans culture mais travailleuse part très tôt chez ses employeurs, son panier au bras. 1er employeur : la porte est ouverte, le 2ème aussi, le 3ème est en fauteuil roulant « une gueule cassée », très intelligent. Il fut un excellent pianiste, mais plein d’amertume. Elle ne comprend pas ce qu’il dit mais sa femme traduit. Cette dernière décide un jour d’aller « prendre l’air » et demande à la servante de rester là pendant trois jours et de prendre en charge son mari. Comment faire ? Ce livre analyse la rencontre entre deux êtres qui ont souffert avec parfois la sensation d’être au bord du gouffre. C’est une véritable
symbiose qui s’installe entre eux. Comment envisager la fin de vie. La suite est très belle, très délicate. Un livre qu’on prend plaisir à lire.

LES SOURCES de Marie-Hélène Lafon – Éditions Buchet-Chastel
Une ferme isolée dans le Cantal, un homme, sa femme, et leurs trois enfants. Ils doivent se rendre chez les parents du mari, deux heures de route, et ils sont en train de se préparer. La femme pense à son passé et elle se voit, là, 30 ans, un corps alourdi, une belle ferme de 33 ha et 27 vaches. Cela pourrait être une belle vie mais c’est un vrai calvaire qu’elle raconte ultérieurement à sa mère : son mari est violent. Sa mère lui conseille de ne pas retourner à la ferme et de rester près d’elle. Que va-t-elle faire alors ? Demander le divorce ; mais on ne divorce pas dans ce village et le jugement lui donne tort, elle doit racheter sa part. Les enfants restent avec elle et le père rechigne à payer la pension. Plus tard, ses filles, intelligentes, feront des études, son fils ne reprendra pas la ferme. Dans ce livre, il est question d’émancipation et du cheminement qui y conduit. C’était dans les années 60. Et maintenant ?

VOUS NE CONNAISSEZ RIEN DE MOI de Julie Héraclès – Éditions Jean-Claude Lattès
Au cours des années de 1930 à 44. Simone, adolescente, vit à Chartres avec sa mère alcoolique et son père, un être soumis, et une soeur plus agée de dix ans. C’est un milieu prolétaire et cette jeune fille, intelligente, veut s’élever et étudier dans les meilleures écoles religieuses. Elle obtient de bons résultats mais elle est harcelée par les autres élèves. Comme elle ne se laisse pas faire, elle doit changer d’école ! Elle manifeste une passion pour l’allemand, et, en 38, elle est attirée par la montée du nazisme dans une nation triomphante. Sa mère, pro-nazi opportuniste travaille pour les Allemands et, en 43, elle dénonce des voisins. Un capitaine Allemand, Otto, vient habiter chez eux. Simone en tombe amoureuse. Vient la Libération. Que va-t-il se passer ? Ce livre est bien documenté, pas moralisateur. Il nous donne une belle analyse des sentiments, désirs et comportement de cette jeune femme. NB- Pour écrire ce livre, l’auteur s’est inspiré d’une photo célèbre montrant une jeune fille tondue.

LE RÊVE DU JAGUAR de Miguel Bonnefoy – Éditions Payot et Rivages
Prix Femina & Grand Prix du roman de l’Académie Française 2024
Venezuela. Nous voici en présence d’une saga qui voit défiler quatre générations. D’abord, Antonio, trouvé sur les marches d’une église par une femme muette qui fait la manche. Elle prend le petit et le garde. Elle n’a pas d’argent, alors il est élevé un peu n’importe comment. Elle lui dira plus tard : tu dois travailler. Il fera beaucoup de petits boulots avant d’accéder à la fac de médecine. Il devient un chirurgien renommé. Il rencontre Anna Marina qui est médecin pédiatre. De leur union va naître Venezuala, leur fille, et enfin Christobal, le fils de Venezuala, et c’est lui qui raconte l’histoire. Le texte foisonne de petites anecdotes familiales, politiques et aborde l’histoire du Venezuela. C’est passionnant. NB. Ce récit est un peu l’histoire des ancêtres de l’auteur.

TANT QUE LE CAFÉ EST ENCORE CHAUD de Toshigazu Kawaguchi – Éditions Albin Michel
Dans un petit café de Tokyo on peut retourner dans son passé et voyager dans le temps sans rien changer au présent. Une seule condition : le faire tant que le café est encore chaud. Un exemple : une dame, qui doit reprendre un hôtel abandonné, est rejetée par ses parents mais pas par sa soeur qui vient durant ses congés. Hélas, la dernière fois elle s’est tuée en voiture. Le café permet d’affronter le présent avec un autre regard. Beaucoup de discussions qui entraînent des réflexions sur le présent et le passé ainsi que sur les relations entre humains. L’écriture est légère et l’histoire est surprenante.

LE RÉVEIL DES SORCIÈRES de Stéphanie Janicot – Éditions Le livre de poche
Coup de téléphone à Diane : il faut venir immédiatement voir ce monsieur qui est mal et demande de l’aide. Elle prend sa voiture mais est heurtée par une autre voiture et elle meurt. Qui est Diane ? une jeune femme un peu medium, un peu voyante, un peu soignante, « une sorcière » pour les gens du village qui l’évitent mais font appel à elle si besoin est. Son mari est mort, elle a deux filles. Rose, sa fille cadette, manifeste aussi quelques dons. Cet oncle qui a disparu dans un naufrage est-il bien mort ? Et cet autre oncle qui, jeune, est tombé dans un puits ? Le texte donnera un peu dans le roman policier quand on va vouloir trouver le conducteur de la voiture qui a tué Diane. Un livre qui se situe un peu dans le réel, un peu dans l’imaginaire. Facile à lire.

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Prochaines réunions : le 13 janvier et le 16 février